“There is a deep longing among people in the West to connect with something bigger — with community and spirit.”
One of the foremost voices in African Spirituality
Bonjour Sobonfu Somé, nous sommes très heureux que vous ayez accepté de répondre à nos questions, et nous espérons que nos lecteurs partageront notre plaisir.
1 / Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?
Sobonfu: Je suis Sobonfu Somé, une Burkinabé. Je vis aux USA depuis une décennie. Mon héritage culturel est surtout ce qui me définit le mieux. Comme tout bon africain, je viens d’une grande famille -la famille Zaguê- de la lignée des Dagaras. J’ai bénéficié d’une éducation aux mains des sages de mon village. Ce que je suis aujourd’hui et ce que je fais dans le monde proviennent en grande partie de cette éducation basée sur la culture Africaine en général et Dagara en Particulier. Je me considère comme une éducatrice ou une voix des valeurs africaines.
2/ Parlez-nous de votre dernière œuvre « The spirit of Intimacy » où peut-on se la procurer ?
Sobonfu: Présentement, j’ai trois livres. Mon premier « The spirit of Intimacy » est un livre sur la sagesse africaine au profit de nos relations. Ce livre a été traduit dans plusieurs langues dont le Français. Il s’intitule: Vivre l’intimité : la sagesse de L’Afrique au service de nos relations publié par Jouvence Editions. Mon deuxième « Welcoming Spirit Home » est le produit de mon amour pour les enfants. C’est aussi pour moi une occasion de partager avec l’occident la sainteté et le cadeau que l’enfant représente pour la société. J’essaie de faire comprendre qu’en Afrique nous détenons beaucoup de sagesse sur l’existence de l’être Humain – de la signification du nom, au BUT ou destinée d’une personne à la réalisation que nous ne sommes pas sur terre en tant que touristes mais en tant qu’Humain avec un but unique que l’on doit offrir au monde entier- ce qui donne un sens à la vie. Mon dernier “Falling Out of Grace” est apparu il y a quatre mois. Ce livre est le résultat ou la combinaison de la sagesse africaine et de mon experience dans le monde occidental. J’essaye d’apporter une solution aux problématiques et échecs quotidiens auxquels nous devons faire face. Par exemple, comment vivre en état de grâce quand on est confronté à des crises constantes dans la famille, au travail, dans la vie en couple, dans le domaine de la santé, en tant que dirigeant, etc… Je donne des exemples concrets et des solutions tirées de la sagesse et de proverbes Burkinabé. Mon souhait est de faire traduire ce livre en Français bientôt, mais vous pouvez le commander à la Fnac ou sur Amazon.com ou dans votre librairie.
3/ Comment vous est venue l’idée originale de faire découvrir la culture Dagara aux américains.
Sobonfu: J’aimerais pouvoir dire que cette idée vient de moi mais hélas, je la dois à mes parents, sages et à ma communauté. Grâce à eux j’ai grandi dans un environnement chaleureux et tendre. Une fois aux USA, j’ai vite réalisé que quelque chose manquait, un ingrédient dont personne au monde ne peux se priver. Cet ingrédient était la chaleur et la validation de la communauté, chose rare dans ce pays de froid. C’est ainsi qu’en essayant de trouver une solution à mon isolement et mon dépaysement que j’ai commencer à enseigner les valeurs culturelles Africaines.
4/ Les afro-américains s’intéressent t’ils plus que les autres à vos œuvres ?
Sobonfu: En général, je trouve que les afro-americans s’intéressent à mes écrits et mes séminaires. Mais dans les séminaires je trouve qu’ils sont surtout intéressés quand c’est uniquement pour eux. Leur présence est plus effacée quand c’est un groupe mixte.
5/ Quels sont vos projets actuels , sont-ils liés au Burkina ?
Sobonfu: J’ai beacoup de projets qui me tiennent à coeur. Depuis plusieurs années je lutte pour trouver des fonds afin de donner ne serait-ce que l’eau potable à la population rurale au Burkina Faso. Je viens d’une famille rurale et ayant souffert des manques d’eau depuis mon enfance, j’ai toujours rêvé d’avoir une source d’eau intarissable. Et c’est ce que je fais depuis mon arrivée aux USA. J’ai pu sponsorizer quelques quatre puits mais ce n’est que début. Je suis actuellement entrain de créer une ONG dans le but de disséminer la sagesse africaine dans le monde mais qui aura aussi pour but d’atténuer les pénuries d’eau, d’aider les femmes, les enfants, l’environnement et bien d’autres.
6/ Comment imagineriez-vous une collaboration littéraire, artistique, scientifique et médicale entre les burkinabè du monde entier.
Sobonfu: Il faudra d’abord que les Burkinabè du monde entier sortent de leur cachette et se fasse connaître. Nous vivons dans un siècle où il est impératif que la voix de l’Afrique et du Burkina se fasse entendre dans le monde entier. Mon rêve est que les Burkinabè prennent d’abord conscience des valeurs culturelles dont nous bénéficions et que l’on mette un accent sur ce qu’il y a de positif et qui est Burkinabè. Car ignorer les éléments qui nous constituent ne fera que nous garder dans un cercle vicieux. Nous ne ferons que répéter ce que le monde occidental nous enseigne ou pire encore nous resterons prisoniers de notre propre ignorance. J’imagine un nouveau monde ou il est possible de voir danser ensemble les différents mondes dont fait partie le Burkinabè, le traditionel, le moderne, etc… Dans ce monde il nous sera possible d’organiser des symposiums où nous pourrons créer des systèmes de réseau et partager avec les uns et les autres les dons que nous recueillerons de la literature, l’art, la science, la médecine, etc… Dans ce monde il n’y aura pas de compétition seulement l’admiration et la possibilité de savourer la beauté qui ressortira de cette collaboration.
7/ Qu’est ce qui vous a poussé à partir travailler à l’étranger?
Sobonfu: Je peux dire que c’est le destin qui m’a amenée en Occident. Ma famille, ma communauté et mon Burkina Faso m’ont toujours été chers. Tandis que les jeunes de mon âge rêvaient des pays lointains, moi je me réjouissais dans mon Burkina. Mais la vie et le destin ont voulu que je sois là, pour le moment.
8/ Comment s’est déroulé votre intégration dans la société américaine?
Sobonfu: J’ai vraiment été chanceuse dès le départ d’être arrivée dans un milieu où je connaissais quelqu’un mais toujours est-il que ça n’a pas été facile. De la température agréable du Burkina à la neige, du Français à l’Anglais et de la vie communautaire à la solitude, je pensais devenir folle et j’ai eu peur pour ma vie. Avec l’aide de bonnes personnes, j’ai réussi à m’adapter. Quelques fois je me demande si je suis vraiment intégrée ou toujours étrangère ici.
9/ Pour vous, quelles sont les différences culturelles fondamentales entre le Burkina et les USA, comment les vivez-vous au quotidien?
Sobonfu: Plus je vis aux USA, plus la différence culturelle se fait sentir. Au Burkina la vie est simple, relax et même agreable. La vie en communauté, les relations et le sentiment d’être acceptée par les siens est une des vertues du Burkina. Les USA représentent presque l’autre facade de ce monde Burkinabè tant et si bien que le conflit culturel est presque toujours présent à tous les tournants. J’essaye de mon mieux de créer un pont entre les deux cultures en créant des communautés saines et accueillantes. C’est ce désir de remédier à la différence culturelle, au racisme et à la vie morbide qui me pousse à enseigner les valeurs culturelles Burkinabè.
10/ Quels sont vos loisirs ?
Sobonfu: En Amerique -ce pays ou il n’y a ni repos ni temps- dire qu’on a un loisir est presqu’une blague, néanmoins la Burkinabè en moi adore toujours la musique, la danse, la cuisine et aussi les séances de marche dans la forêt ou au bord de l’eau.
11/ Quelle est l’importance de la communauté Burkinabè dans votre ville?
Sobonfu: Quand bien même je suis dans la capitale de la Californie, ce n’est pas une grande ville comme l’imagine beaucoup de gens tant et si bien que la communauté Burkinabè se trouve réduite à un petit nombre de gens. Néanmoins, elle a son rôle dont on ne peut se passer car elle nous aide à être moins isolés de même qu’elle réduit le mal du pays quelques fois.
12/ Qu’est ce qui vous manque le plus ?
Sobonfu: Souvent il m’est difficile de savoir ce qui me manque le plus car tout semble me manquer à la fois. Pour l’instant je peux dire ma famille, l’ambiance et les mets du Faso, la vie sans stress et même la chaleur du Faso dans ce temps d’hiver.
13 / Quelques adresses utiles à communiquer à nos internautes (restaurants, cafés, bibliothèques, etc..) ?
Sobonfu: Désolée mais je ne suis pas à la maison pour vous donner des informations.
14 / Pour terminer…
Sobonfu: Mon souhait dans ce monde est que tout africain regagne sa fierté d’être Africain. C’est vrai que matériellement nous sommes pauvres, mais faut se dire aussi que nous sommes riches en culture et nous n’avons rien à gagner à avoir peur de notre héritage. Ma peur est que l’Afrique attend de tout perdre avant de réaliser qu’elle avait quelque chose de précieux. Or, une personne sans culture, sans racines et famille est une personne perdue. Je vous invite tous à faire un effort pour sauvegarder le peu qui nous reste et de plus de ne jamais donner dos à vos origines. Au moins si on n’a rien, on peut se réjouir de la fierté africaine et d’avoir une famille quelque soient les difficultés.